La légende de Saint Hubert
22
Sep
2017
Par Florence Cassara 22 septembre 2017 Catégories Légendes, Traditions et Folklore Pas de commentaires
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L’histoire d’un noble chasseur devenu saint
La région de Saint-Hubert, avec ses forêts mythiques au cœur de l’Ardenne, est connue depuis des siècles comme le paradis des chasseurs. Ce lieu, d’une richesse sauvage incroyable, offre aussi des promenades incontournables pour les randonneurs. Terre de cerfs et de légendes, revenons un instant sur ce qui a fait de cette contrée, et capitale européenne de la chasse, un lieu incontournable du Luxembourg Belge.
Nous sommes au VIIIème siècle. Le Seigneur Hubert (né en Aquitaine vers 660 dans une famille aristocratique) est un adepte de la chasse au point qu’il en oublie parfois ses devoirs premiers. Menant une vie mondaine, il se soucie peu de la religion. Plus il chasse, plus il s’éloigne de Dieu. Un Vendredi saint, au lieu de se rendre à la messe, il ne peut résister à une envie incontrôlable d’aller chasser. N’ayant trouvé personne pour l’accompagner, c’est seul qu’il part s’adonner à sa passion favorite.
La légende raconte alors qu’il se retrouva face à un cerf extraordinaire. Ce dernier portait un crucifix lumineux entre ses bois. La voix du cerf gronda alors : « Hubert ! Hubert ! Jusqu’à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts ? Jusqu’à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton âme ? ». Hubert, saisi d’effroi, se jeta à terre et interrogea la vision: « Seigneur! Que faut-il que je fasse? ». « Vas donc auprès de Lambert, mon évêque à Maastricht » repris la voix. « Convertis-toi. Fais pénitence de tes pêchés, ainsi qu’il te sera enseigné.
Le cerf aurait converti Hubert et l’aurait poussé à devenir, par la suite, évêque de Tongres et de Maastricht en tant que successeur de Saint Lambert. La croyance populaire en a fait un chasseur converti et un guérisseur de la rage. Au cours des siècles, son culte s’est répandu, faisant véritablement de lui un mythe (la légende prend toute son importance dès le XVème siècle). Rappelé auprès de Dieu le 30 mai 727, il est canonisé le 3 novembre 743, jour où il est encore célébré aujourd’hui. Une statue du cerf, attirant indéniablement notre regard sur elle, se trouve aujourd’hui à Saint-Hubert.
Le village d’Andage devient la ville de Saint-Hubert
En 825, le corps du saint est transféré de Liège à Andage (nom d’origine de la ville de Saint-Hubert), dans un monastère au cœur de la forêt ardennaise. Là-bas, la ville fait fortune grâce à la réputation du personnage dont une série de miracles fait le succès. Des grands pèlerinages s’organisent dès 837.
De plus, on y élève une race de chiens qui prend son nom. Saint Hubert, guérisseur des enragés de son vivant, est évoqué afin de guérir la rage qui dévaste ces chiens. Il est aujourd’hui le véritable patron des chasseurs, des forestiers et de l’environnement. La bénédiction accordée aux chiens leur assure une véritable protection.
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Haut-lieu de pèlerinage, la Basilique de Saint-Hubert témoigne du patrimoine exceptionnel de la Wallonie. Elle représente une véritable leçon d’histoire de l’évolution architecturale. En effet, elle mêle style gothique et style de la Renaissance. A l’intérieur, on peut y visiter de magnifiques œuvres d’art tels que des tableaux, des orgues ou encore des sculptures. Cet édifice est la représentation du patrimoine religieux et historique qui trône sur la place de la ville aux côtés du palais abbatial.
A l’intérieur de monument, une majestueuse statue de Saint-Hubert veille sur les visiteurs.
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Le palais abbatial
Le Quartier, dit Palais Abbatial, a été construit en 1729. Il servait autrefois de gîte, de salle de réception ou d’apparat. Depuis 10 ans, des travaux de rénovation visent à lui rendre un aspect proche de celui d’origine. Des figurines allégoriques évoquant le calendrier romain composé de dix mois lunaires ornent la grille du bâtiment. Aujourd’hui, il abrite des services des Archives de l’Etat mais également le Service de la Diffusion et de l’Animation Culturelles de la Province. Il est partiellement ouvert au public lors d’expositions ou d’animations.
Saint Hubert, aussi un guérisseurs des maux des hommes
Rappelons qu’à l’époque, la guérison s’accompagnait d’un culte qui concernait également les êtres humains. Les enragés subissaient « la taille », une opération qui consistait à faire une incision sur le front du malade pour y insérer une partie de l’étole miraculeuse de soie et d’or dans laquelle Saint Hubert avait parfaitement été conservé après sa mort. Après 9 jours, si le malade était guéri, il avait alors acquis le privilège de donner le répit à toute autre personne mordue ou suspectée d’avoir la rage. Quant aux chiens enragés, ils étaient abattus tandis que ceux en bonne santé étaient protégés par l’imposition des clés de Saint-Hubert.
Aujourd’hui, et ce, malgré la découverte du vaccin contre la rage par Pasteur en 1885, le culte reste très présent en Europe. Il est également invoqué par les personnes nerveuses, souffrant de maladie du système nerveux ou simplement d’une rage de dent. Il soigne de manière générale toutes les « rages » qui secouent l’homme aussi bien celles du corps que de l’esprit grâce à l’imposition de la relique. C’est principalement le lundi de Pentecôte que le Doyen appose le reliquaire sur le front de ceux qui assistent à la célébration.
Le mois de novembre et la Fête de Saint-Hubert
Fin d’année, le 3 novembre, ne manquez pas la traditionnelle Fête de Saint-Hubert à la Basilique. Au programme, entre autres, les activités suivantes :
- Messe à l’autel Saint-Hubert
- Marché artisanal dans le centre-ville
- Bénédiction des pains
- Bénédiction des animaux devant la Basilique
- Le son des trompes de chasse
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Toutes les infos sur la Fête de Saint-Hubert de ce vendredi 3 novembre 2017 se trouvent sur ce lien ! http://bit.ly/2yugmaH
Cette fête a lieu aussi à : (cliquer sur le lieu)
– Durbuy le 22 octobre (messe en plein air et bénédiction des chiens)
Petite histoire de la trompe de chasse
Outre la légende du Saint, la trompe de chasse est un instrument qui symbolise cette activité ancestrale qu’est la chasse. Cette sonorité, caractéristique du folklore saint-hubertois et que l’on entend lors des festivités, est surtout utilisée comme moyen de communication lors de la chasse. Dans le répertoire musical, on trouve une série de fanfares qui identifie l’animal chassé ou qui décrivent les principales phases de l’activité. Par « veneur », on désigne la personne chargée de faire chasser les chiens courants.
La trompe, ou encore « le cor », est aujourd’hui une véritable passion pour certains ardennais résidant à Saint-Hubert. Le Royal Forêt Saint-Hubert est un groupe fondé en 1928, c’est-à-dire un an après les festivités commémoratives du 12e centenaire de la mort du Saint. Ce groupe qui attire même les jeunes compte une quinzaine de membres à son actif. Lors d’offices religieux, il est régulier d’entendre ces sonneurs. Si la chasse à courre n’est plus pratiquée en Belgique, ces sonorités restent une marque de fabrique intense liées aux traditions profanes et religieuses de la région.
En attendant de rejoindre le folklore de Saint-Hubert le 3 novembre prochain, n’hésitez pas à vous rendre dans la région afin d’y entendre le fameux brame du cerf. Cet animal, véritable emblème de l’Ardenne, vit un moment fort de son existence à chaque début d’automne. Le brame, qui rime avec parade amoureuse mais aussi domination et combat, nous rapproche de la nature et de ce qu’elle a de plus sauvage. Le cerf sait impressionner petits et grands par sa taille et son air majestueux. Animal craintif de nature, ses cris le sont beaucoup moins lors de cette période de reproduction.
Partez à la découverte de la région… Et peut-être vous laisserez-vous habiter par l’âme du noble devenu Saint !