Dans les coulisses du patrimoine : rencontre avec une passionnée
29
Oct
2015
Par Jacqueline Daloze 29 octobre 2015 Catégories Traditions et Folklore commentaire
Alicia Gillet, jeune restauratrice d’œuvres d’art, a choisi de faire carrière dans notre verte province, d’où elle est issue.
Restauratrice en milieu rural
Alicia s’affaire. Les tableaux qu’elle restaure participent à une exposition qui s’ouvre dans quelques jours. Le travail ne lui fait pas peur : « J’ai hérité cela de mon père, menuisier de formation. Les antiquaires le contactent à l’occasion » sourit-elle.
Alicia est attachée à ses racines ; ce qui l’a décidée à s’installer dans la verte province plutôt que dans les grandes villes, comme la plupart de ses confrères, avec les avantages et les inconvénients de ce choix : « Évidemment, j’ai moins de travail ici. Je n’ai pas non plus de concurrence ! Ma réputation s’établit par le bouche à oreille, les tableaux se succèdent dans l’atelier. » 80 % des clients sont des particuliers, 15 % viennent des églises et enfin 5 % émanent des administrations, comme les musées et les communes.
Restaurer des œuvres d’art: avec la tête, les mains et le cœur
Alicia a toujours été intéressée par l’art. Après des études secondaires orientées vers le dessin, elle opte pour l’Histoire de l’Art, aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur. La pratique de l’art attire toute son attention. Elle se dirige alors vers un master en restauration d’œuvres d’art à la Haute École Saint-Luc à Liège.
Son choix se porte sur la restauration de peintures : « Un support fragile, qui demande une approche au cas par cas ». Son travail de fin d’études lui donnera d’ailleurs la pleine occasion d’expérimenter ses nouvelles connaissances, en restaurant un panneau en bois très délicat. « La restauration demande de faire appel à des connaissances multiples, souligne-t-elle. Ainsi, j’ai demandé conseil pour ce travail à Jean-Albert Glatigny, « le » spécialiste des supports sur bois dans l’équipe de restauration de l’Agneau mystique, pas moins ! »
Elle a aussi eu l’occasion d’approcher un Picasso, lors d’un stage à Londres pour un des ateliers en relation avec la prestigieuse maison Sotheby ! Comme quoi être attaché à ses racines et au patrimoine n’exclut ni les voyages, ni les contacts.
L’émotion est aussi au rendez-vous. Alicia se souvient d’un tableau d’apparence très sombre : une fois le vernis enlevé est apparu un intérieur de style renaissance italienne avec une famille…
Un travail de rigueur en équipe
Restaurer, c’est un travail inter-disciplinaire qui allie la recherche scientifique, l’art et l’artisanat dans la rigueur et l’humilité. Pas question d’inventer un détail dont on ne soit absolument sûr.
Le spécialiste n’a pas droit à l’imagination. « Il faut connaître la période, les matériaux employés, même si ceux avec lesquels nous travaillons sont différents. Actuellement, on insiste sur la réversibilité de la restauration, de façon à pouvoir intervenir plus tard si nécessaire avec des matériaux et des techniques qui n’existent peut-être pas encore, pour mieux restaurer l’œuvre. » Une approche qui se différencie de l’école italienne où la méthode est plutôt de type illusionniste, c’est-à-dire qu’on ne voit pas.
Restaurer le patrimoine
Si Alicia s’est spécialisée dans la restauration des peintures, elle accepte aussi d’autres commandes, pour autant qu’elle se sente compétente et puisse s’entourer de conseils avisés, y compris de ses anciens professeurs ; témoin une station en fonte d’un chemin de croix, en chantier.
Les tableaux qui attendent dans l’atelier sont destinés à l’exposition du Musée Gaspar, à Arlon. Il s’agit de peintures religieuses qu’il a fallu nettoyer avec la plus grande précaution pour en faire ressortir les détails cachés par le jaunissement du vernis et le noircissement dû aux fumées des bougies.
Découvrir en vrai
Les Pères Capucins en Luxembourg, la dernière exposition du Musée Gaspar
Jusqu’au 5 juin 2016 se tient une exposition mettant à l’honneur l’ordre des Capucins. En effet, l’année 2016 correspond au 400ème anniversaire de l’autorisation concédée par les Archiducs Albert et Isabelle et l’évêque de Trèves, d’accueillir à Saint-Jean-lès-Marville le premier couvent de Pères capucins en territoire luxembourgeois.
À partir de 1617, la nouvelle province wallonne est amenée à créer de nouveaux couvents, afin d’être davantage pourvue par rapport à la province flamande. Ainsi, les couvents d’Arlon, Luxembourg et Thionville sont rapidement créés dans la foulée. Les traces actuelles du passage des Capucins dans les villes luxembourgeoises sont variées.
C’est incontestablement à Arlon que le paysage urbain est le plus empreint de leurs vestiges. L’actuelle église Saint-Donat et ses dépendances, trônant en majesté au cœur du Vieux Quartier, constitue le principal héritage encore visible de ce passé. L’exposition du Musée Gaspar présente une sélection d’objets d’orfèvrerie, de vestiges archéologiques, de documents d’archives, de livres et de tableaux ayant constitué le patrimoine de ces couvents luxembourgeois ou évoquant leur souvenir.
Découvrir en vrai
Un Musée à découvrir
À découvrir donc au Musée Gaspar. Outre un important centre de documentation, ce musée abrite aussi la collection de Charles Gaspar, dont les œuvres de son frère Jean, sculpteur animalier, mais aussi des sculptures, photographies, peintures, gravures, mobilier, livres anciens, … ainsi que des œuvres religieuses, parmi lesquelles l’exceptionnel Retable de Fisenne (ca 1510), joyau issu des ateliers anversois du 16ème siècle.
rue des martyrs, 16 – 6700 Arlon (en face de l’Institut archéologique) – 6700 Arlon
Tél. +32 (0)63 600 654 – http://www.ial.be/
ouvert du mardi au samedi de 9h30 à 12h et de 13h30 à 17h30 – Gratuit le 1 er dimanche de chaque mois – Fermé le lundi ainsi que du 19 décembre 2015 au 3 janvier 2016
Merci d’avoir partagé avec nous votre expérience. Je vous souhaite bon courage dans la restauration d’œuvres d’art. C’est intéressant comme métier.