La vannerie, une tradition millénaire
23
Jan
2018
Par Jacques Cornerotte 23 janvier 2018 Catégories Traditions et Folklore Pas de commentaires
Oserait-on dire que la vannerie est du même âge que l’Homme ?
Elle apparaît en tout cas dès qu’il s’est sédentarisé et a commencé à cultiver des céréales. Il fallait bien un outil qui permette de séparer l’ivraie et la menue paille du bon grain. Le van était une sorte de vaste conque très évasée à deux poignées que le vanneur soulevait régulièrement avec un léger mouvement de rotation. Travail harassant qui a d’ailleurs donné l’expression “je suis vanné” et qui s’est poursuivi durant des siècles jusqu’à l’apparition du van mécanique vers 1890.

Le vanneur de Jean-François de Millet
De précieux savoir-faire
Au fil des siècles, la vannerie va prendre une importance capitale dans la vie économique du monde entier. Dès le Moyen-Age, les artisans vanniers se regroupent en puissantes corporations au sein des villes, comme les drapiers, les tanneurs et d’autres métiers qui jouaient un rôle essentiel dans le quotidien des villes et des campagnes.

J. Cornerotte
Nul besoin d’écoles, le métier se transmettait oralement. L’apprenti observait, imitait, remettait son ouvrage sur le métier sous l’œil bienveillant du maître. Puis venait le temps de l’envol, l’ouvrier confirmé s’installait et perdurait ainsi la tradition. En Luxembourg belge, il est impossible de passer sous silence les Saussus de Saint-Mard, en Gaume.
La crainte de la perte
Tout va pour le mieux jusqu’à l’entre-deux-guerres. C’est à partir des années 20 que plusieurs événements vont profondément bouleverser les milieux traditionnels de la vannerie : la crise économique de 1929, l’arrivée de produits quasi industriels (métal, bois, carton avant le plastique dès les années 1950), l’importation massive chez nous des productions de l’Est, d’Espagne, d’Italie, de Chine et de Thaïlande. Et les artisans finissent par lâcher prise. A Saint-Mard entre 1921 et 1930, ils sont encore 35 à travailler de manière professionnelle. En 1942, ils ne sont plus que 19 et ils ont tous plus ou moins la cinquantaine.

Les outils indispensables © J. Cornerotte
Aujourd’hui, quelques anciens qui connaissent encore les gestes ancestraux acceptent de transmettre à de plus jeunes, trop heureux de voir la tradition et le métier enfin transmis. La vannerie traditionnelle est sauvée.

© J. Cornerotte
Découvrir en vrai
Le Musée gaumais (Virton) possède une magnifique collection de différentes productions réalisée sous forme de miniatures par un maître dans l’art de la vannerie fine : Frédéric Martin a reproduit en son temps dans ces miniatures ce qu’il a produit en grandeur nature durant quelques décennies. C’est rempli de poésie et de l’amour de l’ouvrage bien fait.

Miniatures osier @ Musée Gaumais
Envie d’apprendre la vannerie ?
Vous vous sentez une âme de vannier, vous avez envie de vous initier ? Sachez que tous nos artisans organisent des stages, des ateliers pour transmettre leur savoir-faire et leur sens du beau. Prenez contact avec eux. Les connaissant, ils se feront un plaisir de vous répondre.

© FTLB/ B. Petit
Pour prolonger la découverte: un peu de lecture
- Bailleux F., “La vannerie inspirée de Gaume et d’ailleurs”, Maison du Tourisme de Gaume – SI Virton, 2015
- Une revue française fort bien faite: le Lien créatif (www.leliencreatif.fr)
- Saussus R., “L’artisanat de la vannerie à Saint-Mard”, in Le Pays gaumais, Virton – 1981 – 1982
- Saussus R., “L’industrie de la grosse vannerie à Saint-Mard”, in Le Pays Gaumais, Virton – 1941
(ces 2 ouvrages sont épuisés mais disponibles dans les bibliothèques de la Gaume et au Musée gaumais pour consultation)
Circuit de la vannerie de Saint-Mard
Saint-Mard, qui fut le siège principal en Gaume des travailleurs de l’osier, est la seule commune qui, vers la fin du XVIIIème siècle, possédait déjà des vanniers professionnels. Leur nombre s’élevait jusqu’à plus d’une cinquantaine vers 1920, pour finalement s’éteindre complètement vers 1960 à la suite des conséquences de la crise économique des années 30.
Mais la vannerie ne fait pas partie d’un passé révolu, elle reste bien vivante dans notre vie de tous les jours. Le retour de vanniers professionnels dans la région et l’essor nouveau de cet artisanat d’art, pratiqué de façon traditionnelle mais aussi contemporaine, en sont la preuve.
Ce circuit d’une longueur de 2,4 km vous permettra de comprendre comment la vannerie était implantée à Saint-Mard. Sept panneaux didactiques jalonnent le parcours. Circuit téléchargeable sur www.luxembourg-belge.be