Vitrail et travail du verre, un artisanat ancestral
31
Mai
2019
Par Jacques Cornerotte 31 mai 2019 Catégories Traditions et Folklore Pas de commentaires
Petit historique du vitrail
Découvrir en vrai
Pour lire l’ensemble du dossier « Les jongleurs de lumières » du Regards d’Ardenne n°22, rendez-vous sur ce lien http://www.ftlb.be/transit/RA_web/RA22_FR.pdf (téléchargement gratuit !)
Le plus ancien vitrail connu en Occident est une tête de Christ originaire de la première abbatiale romane de Wissembourg (Bas-Rhin) que les spécialistes datent de 1060 !
Au XIIème siècle, le vitrail reste relativement modeste dans ses dimensions. Le plus souvent, il prend la forme de médaillons carrés ou circulaires. En France, les couleurs utilisées les plus courantes sont les bleus et les rouges. Un peu de jaune, de pourpre et de blanc viennent nuancer ces tons fort contrastés. A ces richissimes verrières inspirées par la toute puissante et riche abbaye de Cluny s’opposent celles des monastères cisterciens, dépouillés à l’extrême pour répondre aux exhortations de Saint-Benoît à la pauvreté et au recueillement. Le gothique est l’art de l’élévation. Les architectes évident les murs, élèvent des voûtes vertigineuses et la lumière pénètre à larges flots dans ces vaisseaux imposants.
L’art des XIIIème et XIVème siècles se distingue donc du roman par la taille des baies et l’apparition de rosaces et de verrières de grandes dimensions (Paris, Chartres, Reims…). Les scènes représentées se font plus animées, les personnages dessinent des attitudes moins figées et le décor végétal s’enrichit. La grisaille apparaît à cette époque. La grisaille, justement, de quoi s’agit-il ?
Marise Frattini-Ghislain, artiste verrière à Arville, connaît bien cette technique : « La grisaille est un mélange d’oxyde de fer (la rouille) ou de cuivre employé avec un fondant (du verre broyé) pour peindre et dessiner sur le verre. Tout comme le ferait un peintre, nous utilisons diverses brosses et pinceaux pour reproduire des détails importants tels que des traits de visages, des drapés de vêtements ou encore des éléments du décor. » Appliquée à froid, cette peinture doit être fixée. Par une cuisson, le fondant va se mêler au verre et fixer ainsi les dessins créés par le maître vitrier.
Retour vers le passé
A la Renaissance, la qualité des verres soufflés permet de larges découpes du verre. Textures et couleurs se multiplient quasiment à l’infini. Et dans le même temps, l’art du vitrail se rapproche fort de la peinture sur panneau. Des sujets profanes font leur apparition. Le vitrail n’est plus seulement l’apanage des églises et cathédrales : on le voit apparaître dans certains châteaux du XVIème siècle. Les Guerres de religion vont donner un coup de frein significatif à la création verrière.
On a longtemps cru que la prédominance, aux XVIIème et XVIIIème siècles, de l’émail sur le verre teinté dans la masse et la grisaille étaient liées à une perte des savoir-faire de fabrication de ce verre teinté. Il ne s’est agi que d’un phénomène de mode. Besoin de plus de lumière et de clarté vont amener les commanditaires de verrières à l’utilisation de verres blancs finement
décorés de bordures peintes au jaune d’argent ou émaillés.
Au XIXème siècle, les romantiques prônent un retour au Moyen Age et cela va relancer l’art du vitrail polychrome. De grands verriers réalisent de nouvelles créations pour les monuments contemporains. L’art nouveau va user de nouvelles techniques de verres opalescents (ou verres américains) de verres structurés et de verres antiques. On pense notamment à Jacques Grüber (Ecole de Nancy).
Pour ces derniers, le verrier accentue les défauts du verre soufflé ainsi que sa structure. L’art déco suivra la même veine. Apparaît alors le bloc de verre, épais, structuré qui est obtenu par coulage. Il donnera un nouveau type de verrière, assemblée non plus au plomb mais au béton. Chagall, Braque, Matisse ou encore Manessier seront appelés à collaborer avec des grands verriers du XXème siècle.
La création contemporaine n’est pas en reste. Témoins relativement récents : les très belles et très emblématiques verrières de la nef de l’église de Waha, dues au talent de Jean-Michel Folon et réalisées par un atelier chartrain, l’immense (plus de 70 mètres carrés) verrière du portail de Saint-Martin à Arlon, réalisée, et de quelle manière, par le trop modeste Etienne Tribolet, à qui l’on doit aussi les petits fenestrons de la chapelle Sainte-Marguerite d’Ollomont.
Découvrir en vrai
Eglise Saint-Etienne de Waha Doyenne des églises romanes de Belgique (1050), elle est la seule à avoir conservé sa pierre dédicatoire.
Outre ses vitraux, ce remarquable édifice, classé Patrimoine Exceptionnel de Wallonie, recèle bien d’autres trésors (oeuvres du Maître de Waha…).
Accessible toute l’année. Visite guidée pour groupe sur réservation
auprès de la Maison du tourisme à Marche-en-Famenne
+32 (0)84 34 53 27
www.famenneardenne.be