La vie paysanne des années 1900
10
Juin
2015
Par Emilie Batter 10 juin 2015 Catégories Traditions et Folklore Pas de commentaires
Et si on remontait le temps en se baladant au Fourneau Saint-Michel?
Comment vivaient nos grands-parents à l’époque où le tracteur, la télévision et la machine à lessiver n’existaient pas? C’est ce que vous propose de revivre le Domaine provincial du Fourneau Saint-Michel. A cheval sur les communes de Nassogne et de Saint-Hubert, ce vaste parc, blotti dans l’écrin vert que lui procure la forêt ardennaise, vous plonge dans la vie paysanne d’antan à travers notamment de l’architecture rurale traditionnelle.
C’est dans une ambiance plus vraie que nature que ces vieux bâtiments ruraux ont été démontés pierre par pierre dans plusieurs villages ardennais et reconstruits à l’identique. Ils sont sublimés par un paysage des plus inspirants.
Je vous emmène en balade au fil du temps au gré de cinq bâtiments pour lesquels j’ai véritablement eu un coup de coeur. Pour agrémenter la balade, je vais vous partager des anecdotes du temps passé. Si ces petites histoires ne se sont pas déroulées dans ces bâtiments-là précisément, elles n’en sont pas moins touchantes d’authenticité.
Des moments de vie, entre émotions et souvenirs, renforçant ces lieux chargés d’histoire, nous sont livrés par des aînés de la région grâce au travail du Centre culturel de Nassogne. Ces Ardennais nous emmènent dans le fabuleux voyage de leur enfance.
La Chapelle de Farnières et l’accès aux offices religieux
Mon premier arrêt est l’ancienne chapelle originaire de Farnières, petit village typiquement ardennais situé à 5 km de Vielsalm. Il s’agit d’une copie dont l’originale est toujours à Farnières. Nichée au milieu de son enceinte de petits murets, elle nous invite au recueillement et c’est une atmosphère de sérénité qui s’empare de nous.
Saviez-vous qu’à l’époque de nos grands-parents, les gens payaient leur place pour pouvoir être assis au jubé? Et dans la nef aussi! Seuls quelques nantis comme l’institutrice, par exemple, ne payaient pas.
L’école à l’ancienne
Je me dirige ensuite vers l’école, ancien bâtiment de Petite Rosières, près de Vaux-sur-Sûre. La classe y était donnée dans les environs de 1870. Un boulier, une vieille mappemonde jaunie par le temps et des ardoises posées là sur les bancs en bois nous plongent dans la salle de classe d’autrefois.
A mille lieues de l’école d’aujourd’hui, il est bien loin le temps où le boulier était l’ancêtre de la calculatrice et où il était fréquent qu’un gamin arrive en classe ventre à terre, en retard, parce qu’il a dû aider ses parents à la ferme avant d’enfiler sa casquette d’écolier.
L’épicerie « Le petit bazar »
Le troisième lieu est l’épicerie « Le petit bazar », qui connut ses heures de gloire autrefois à Champlon. Datant du milieu du 19ème siècle, sa reconstruction a été effectuée de 2008 à 2013.
Dans les épiceries de l’époque, on trouvait de tout et les marchandises alimentaires se vendaient au poids. Ainsi, il n’était pas rare de voir un gamin arriver en demandant qu’on lui remplisse son pot de sirop de Liège par exemple.
On y vendait vraiment de tout: du textile en passant par du café ou des clous pour les sabots et même des chaînes pour lier les vaches.
L’épicerie faisait aussi office de café. Le dimanche après la messe, les hommes trinquaient à la petite goutte en jouant une partie de cartes. La plus grande crainte de l’épicière? Les accisiens, bien sûr! Ils pouvaient débarquer à n’importe quel moment pour un contrôle surprise. En effet, à l’époque, servir de la bière était toléré mais l’alcool fort était interdit. Les hommes buvaient plus volontiers une petite goutte. Le café était gratuit la plupart du temps, considéré comme convivial.
La ferme de Corbion et la vie à la ferme autrefois
Je continue ma balade pour arriver dans le bas du domaine pour faire arrêt devant la ferme Corbion, autrefois connue sous le nom de « Maison de Roucy« . Cette ancienne exploitation datant de la fin du 17ème ou du début du 18ème est un fabuleux témoin de la vie à la ferme autrefois. Transplantée sur le domaine de 1977 à 1982, elle provient, comme son nom l’indique, de Corbion, petit village de la vallée de la Semois, à quelques kilomètres de Bouillon.
A l’époque, chaque foyer possédait une vache ou deux qui servaient de bêtes de somme pour tirer des charrettes et aller charruer ses petits lopins de terrain. Chaque maisonnée était autonome. On produisait son beurre, son pain, ses pommes de terre, on avait un potager et on conservait la viande dans un saloir.
Chaque maison avait un tas de fumier devant sa porte. Pour l’anecdote, les papas disaient à leurs fils : « Allez voir les filles là où il y a un gros fumier! » Car qui disait gros fumier disait gros revenus.
Lorsqu’il fallait décharger le foin au fenil, ce n’était pas triste! Il y en avait un sur la charrée, qui donnait les fourchées de foin à celui resté dans le fenil. Si ce dernier, rêvassait un instant ou traînait un peu, il se retrouvait très vite enseveli sous le foin. Et là, c’était une autre paire de manches pour en ressortir !
Le lavoir de Saint-Remy et le travail des lavandières
La dernière étape de la balade est le lavoir de Saint-Remy. Sa pierre calcaire nous fait quelque peu voyager en Gaume, à 9 km de Virton. Il date du 19ème siècle et a été implanté au Fourneau Saint-Michel en 1977. Si dans certains villages, les femmes lavaient le linge à même la rivière, dès la seconde moitié du 19ème siècle, sont apparus les lavoirs publics. C’est l’endroit où les femmes se partageaient les dernières nouvelles du village tout en ayant soin de rendre le linge éclatant. Une tâche laborieuse à l’époque mais comment se pratiquaient-elles au juste?
Elles emportaient leur linge dans de grandes mannes d’osier qu’elles amenaient sur des brouettes à la rivière ou au lavoir. Agenouillées sur des planches en bois, elles plaçaient le linge sur une petite planche et frottaient un morceau de savon noir dessus.
Pour bien faire sortir toute la crasse du linge, elles le frappaient à l’aide d’une batte sur des pierres. Ensuite, elles étalaient le linge tout savonné au soleil en l’arrosant de temps en temps. Puis le linge était rincé et mis à sécher. Le bac est généralement bouché avec un essuie sur lequel on place un gros caillou.
Pour blanchir le linge, elles avaient une méthode à faire pâlir plus d’une grande marque de poudres à lessiver actuelles. Elles utilisaient une boule de bleu, qui si elle avait le malheur d’être déposée sur le rebord en pierre du lavoir provoquait des taches terribles.
Le Domaine provincial du Fourneau Saint-Michel vous accueille du 1er mars au 30 novembre pour un voyage au pays de nos racines.
Découvrir en vrai
Envie de revivre cette balade dans une ambiance plus vraie que vraie?
Alors inscrivez-vous sans tarder à la fresque théâtrale « Allons promener les chèvres… au Fourneau Saint-Michel » les 27 et 28 juin prochains.
Informations et réservations au Centre culturel local de Nassogne au 084/21.49.08 ou sur www.ccnassogne.be
De nombreuses manifestations vous y attendent telles que les Fêtes de la musique, les Dimanches de l’été ou bien encore le festival Mai’li Mai’lo.